Se reconstruire après une fausse couche ou une interruption médicale de grossesse : 7 étapes essentielles
- mandaliayoga
- 4 avr.
- 7 min de lecture
Fausse couche et interruption médicale de grossesse : une épreuve silencieuse mais bien réelle
Chaque année en France, environ 200 000 fausses couches surviennent spontanément, souvent au premier trimestre de la grossesse. À cela s’ajoutent près de 7 000 interruptions médicales de grossesse (IMG), pratiquées pour des raisons de santé graves. Derrière ces chiffres, il y a des parcours de vie, des émotions complexes et encore aujourd’hui, un silence pesant.
Si l’OMS définit le deuil périnatal comme la perte d’un bébé à partir de la 22ᵉ semaine d’aménorrhée jusqu’à 7 jours après la naissance, cette définition administrative ne reflète pas la réalité du vécu. Quelle que soit la durée de la grossesse, la douleur et le deuil sont bien réels pour les parents, et en particulier pour la mère qui vit cela dans son corps.
Pourtant, ces épreuves sont souvent minimisées et recouvertes d’un voile de gêne et de silence, comme si elles n’étaient qu’un "mauvais moment à passer". Comme si la douleur pouvait se taire et disparaître d’elle-même.
Un deuil refoulé ne disparaît pas. Il s’inscrit en nous, parfois silencieux, jusqu’à ce qu’il trouve un chemin pour se manifester.
Un séisme intérieur aux répercussions profondes
Lorsque la grossesse s’interrompt brutalement, que ce soit de manière spontanée ou médicale, tout semble s'arrêter. La vie, qui continue à l’extérieur, paraît soudainement figée à l'intérieur.
Le cerveau, submergé par le choc, met en place des mécanismes de protection, créant un engourdissement émotionnel et un sentiment d’irréalité, permettant de faire face à la brutalité de l’événement. Cet état d'anesthésie peut durer quelques jours ou plusieurs semaines, avant de laisser place à un flot d’émotions fortes et contradictoires.
Tristesse, culpabilité, peur, colère... Chaque femme réagit différemment, mais beaucoup ressentent une impression de perte d’identité, comme si elles avaient perdu une partie d’elles-mêmes. D’autres ressentent un vide difficile à combler, une distance dans leur couple, un malaise diffus dans leur quotidien. Parfois, cette épreuve ravive d’anciennes blessures : un deuil passé, une peur de l’abandon, des souffrances enfouies.
Et lorsque cette douleur n’est pas entendue ou ne peut être traitée, elle se manifeste par d'autres voies comme l'anxiété, les insomnies, la perte de vitalité, la perte de sens, un sentiment de saturation…
Des études montrent que près d’une femme sur trois développe des symptômes de stress post-traumatique après une fausse couche (Farren et al., 2019). Une autre étude récente (Hughes et al., 2022) révèle que cette souffrance psychique peut persister sur le long terme, avec un impact profond sur la confiance en soi, la relation au corps et la vie sociale. Il suffit d'entendre le témoignage des femmes qui ont subi l'arrêt de leur grossesse pour comprendre qu'il s'agit d'un effondrement qui marque profondément et durablement.
Comment se reconstruire après une fausse couche ou une IMG ?
Se relever après une perte si intime ne signifie pas "tourner la page" ou "oublier". Il s’agit plutôt de trouver un cheminement qui permet d’intégrer ce qui a été vécu, sans que la douleur n’envahisse toute l’existence.
Face à cette épreuve, on peut se sentir seule, incomprise, traversée d’émotions contradictoires. Le vide s’installe, parfois le sentiment d'être déconnectée. Pourtant, il est possible d'aller vers un mieux-être, à son rythme, sans minimiser la souffrance mais sans s’y engloutir non plus.
Se reconstruire, ce n’est pas effacer, c’est apprivoiser, donner du sens, retrouver un équilibre intérieur.
Voici 7 étapes essentielles pour vous aider à emprunter ce chemin de résilience et vous reconstruire après une fausse couche ou une IMG.
1 - Accueillir le choc et les émotions
Lorsque la grossesse s’arrête, il y a souvent un état de sidération pour faire face à l'incompréhension et à l'inattendu, suivi d'une importante décharge émotionnelle.
Donnez-vous du temps pour intégrer ce qui arrive. Mettez des mots sur ce que vous ressentez, même si cela semble confus. Écrivez, parlez, pleurez. Laissez la tempête émotionnelle passer sans chercher à la contrôler.
Il est normal de se sentir perdue, submergée ou en colère, d’avoir des moments de léthargie, suivis de frustration ou de profond désespoir. Ces émotions sont légitimes et nécessaires pour entamer le processus de deuil.
2 - S’entourer de douceur et trouver du soutien.
Après avoir subi une IMG ou une fausse couche, votre corps et votre esprit ont besoin de repos.
Si cela est possible, accordez-vous une parenthèse : quelques jours à la campagne, chez un proche bienveillant, ou simplement dans un endroit où vous vous sentez en sécurité et au calme.
Entourez-vous des bonnes personnes, celles qui écoutent sans juger. Celles qui sont en mesure de vous accueillir avec votre douleur, sans malaise ni faux-semblants.
Trouvez un espace dans lequel les émotions pourront couler, sortir, se libérer, sans injonction, sans retenue.
N’ayez pas peur d’accepter le soutien qui vous est offert, et simplifiez votre quotidien lorsque cela est possible. Et si vous ressentez le besoin de vous isoler un moment, écoutez-vous.
3 - Prendre soin du corps
Vivre une fausse couche ou une interruption médicale de grossesse est une épreuve physique intense. Les hormones continuent d’agir, la fatigue peut être profonde, des douleurs persistent parfois. L’utérus a besoin de temps pour retrouver son état initial.
Votre corps a besoin de douceur, de patience et de soins adaptés.
Laissez-le vous guider et prenez le temps de vous reconnecter à lui :
une alimentation nourrissante et réconfortante,
beaucoup de repos,
du mouvement lent et conscient (yoga doux, marche dans la nature, respiration, méditation, massages)
Une consultation avec un ostéopathe peut vous aider à redonner de l'élan et de la vitalité au corps qui se retrouve parfois prostré, figé après la perte.
Redonnez-lui de l’attention, non pas pour oublier, mais pour l’aider à mieux traverser cette épreuve.
4 - Recevoir un accompagnement psychologique adapté
L'intensité de l'épreuve peut être à l'origine de ruptures émotionnelles et psychiques, qui se mettent en place spontanément pour limiter l'impact de la douleur. Il est alors souvent difficile d’avancer seule, coupée d'une partie de soi et de ses émotions.
Un accompagnement thérapeutique adapté permet :
de libérer la souffrance et d'atténuer la charge émotionnelle,
d’apaiser le sentiment de culpabilité,
de faire une place à l'être que vous avez porté, pour être en mesure de laisser partir la tristesse,
de se sentir plus entière et de pouvoir à nouveau se projeter dans l'avenir
5 – Honorer son vécu et donner une place à l’enfant perdu
Faire une place à ce qui a été vécu est une étape essentielle pour pouvoir évacuer les émotions lourdes associées au deuil.
Une grossesse, même interrompue très tôt, laisse une empreinte. Lui donner une place, sous une forme symbolique ou concrète aide à apaiser.
En fonction de ce qui fait sens pour vous, vous pourrez : lui choisir un prénom, allumer une bougie en sa mémoire, écrire une lettre, planter un arbre, l’inscrire sur le livret de famille lorsque cela est possible...
Certaines vivent cette étape à travers un rituel plus personnel, une reconnexion au sacré, un moment intime qui marque à la fois un hommage et une transition de vie. Car au-delà de la perte, une transformation intérieure a lieu chez vous.
Les rituels et actes symboliques permettent d'accueillir la nouvelle femme que l’on devient, avec ses forces et ses fragilités.
Écoutez votre cœur. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire. Ce qui compte, c’est que vous trouviez une manière d’honorer ce qui a été, c'est à dire avancer sans renier l'expérience que vous avez vécu.
6 - Se reconnecter à la joie, une source de vitalité
Après une telle perte, il est parfois difficile d’accueillir la joie sans culpabilité. Comme si éprouver du plaisir, rire ou savourer un moment léger revenait à trahir l’enfant perdu ou minimiser l’épreuve traversée.
Pourtant, la joie n’efface rien. Elle est une force vive, un élan qui permet de se reconnecter à la vie, sans renier ce qui a été.
Les recherches en neurosciences montrent que les moments joyeux, le rire et les émotions positives libèrent des endorphines et diminuent le taux de cortisol, l’hormone du stress. Sourire, même légèrement, envoie au cerveau un signal de détente, réduisant l’anxiété et favorisant un mieux-être global. Se laisser toucher par une musique, un paysage, un échange chaleureux, pouffer de rire avec complicité, vous permet d'offrir un souffle d'apaisement à votre corps et à votre esprit.
Petit à petit, la vitalité revient, non pas en effaçant le passé, mais parce que vous avez apprivoisé votre douleur et transformé votre chagrin en une force intérieure. Parce que vous avez fait de la place à ce qui a été, sans vous y enfermer. Parce que la vie, malgré les épreuves, continue à se frayer un chemin en vous, avec douceur et résilience.
7 - Grandir à travers l’épreuve et se reconstruire
Vous vous reconstruisez pas à pas, en intégrant cette épreuve dans le fil de votre histoire. Petit à petit, une nouvelle version de vous-même émerge, enrichie par votre vécu et par la force que vous avez puisée en vous.
La résilience, comme l’explique Boris Cyrulnik, n’est pas un retour à l’état initial, mais une transformation : "On ne guérit pas d’un chagrin, on le métabolise. Il devient une partie de soi, non plus un poison, mais une force." Après un deuil, on ne redevient pas celle que l’on était avant, on devient autre, avec une nouvelle conscience de la vie, une sensibilité plus fine à ce qui a du sens pour soi.
L’avenir ne sera peut-être pas celui que vous aviez imaginé, mais il s’écrit avec tout ce que vous êtes devenue. Qu’il prenne la forme d’un nouveau projet, d’une nouvelle grossesse ou d’un autre chemin, il vous appartient.
Vous êtes toujours vous. Différente, peut-être. Mais entière.
Un chemin de résilience
Se relever après une fausse couche ou une IMG est un processus profond, qui demande du temps et de la bienveillance envers soi-même. Vous n’êtes pas seule. Chaque pas compte, chaque geste d’amour envers vous-même est une avancée.
Si vous ressentez le besoin d’être accompagnée sur ce chemin, n’hésitez pas à vous tourner vers un professionnel qui saura vous écouter avec douceur et respect et vous aider à vous sentir mieux.

Sources :
INSEE. (2023). Nombre de naissances et fausses couches en France. Institut national de la statistique et des études économiques.
Haute Autorité de Santé. (2022). Interruption médicale de grossesse : données et recommandations.
Références
Farren, J., Jalmbrant, M., Ameye, L., Joash, K., Mitchell-Jones, N., Tapp, S., ... & Bourne, T. (2019). Post-traumatic stress, anxiety and depression following miscarriage and ectopic pregnancy: a multicenter, prospective, cohort study. American Journal of Obstetrics and Gynecology, 220(1), 37.e1-37.e8.
Hughes, P. M., Turton, P., & Evans, C. D. H. (2022). Stillbirth as a risk factor for depression and anxiety in the subsequent pregnancy: cohort study. BMJ, 325(7371), 157.
Radio Télévision Suisse. (2020). Pardonnez-moi – Boris Cyrulnik [Émission de télévision]. RTS. https://www.rts.ch/play/tv/pardonnez-moi/video/boris-cyrulnik?urn=urn:rts:video:11002841
Comments